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Vengeance : Ah que c’est quoi ?

22 mai 2009
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vengeance

Tracé de Cercles

Un couple est tué par trois hommes cagoulés. Le père (Johnny, il incarne un certain Costello mais après tout peu importe son nom tant Johnny ne peut échapper à lui-même aux yeux du public français), débarque à Hongkong. Il rencontre trois autres gangsters par hasard. Les embauchent pour tuer les trois autres (à Macao) et leur boss. Deux territoires, deux microcosmes, deux clans, deux cercles auquel on appartient comme les personnages principaux ou auquel on n’appartient pas. Il y a là une force interne au film qui repousse hors du champ d’action tous les éléments qui n’ont rien à faire dans le cercle. On peut mentionner par exemple, cet attachement bien oriental à vouloir à tout prix respecter un certain code d’honneur, héritage du samouraï pourquoi pas, qui veut que la vengeance ne se produisent devant les femmes et les enfants des meurtriers. Johnnie To nous donne plus tard une raison par ailleurs évidente : qui est touché par le cercle ne peut rien faire d’autre que d’y rentrer. Si les femmes et enfants n’en sont pas exclus, il est de bonnes mœurs de les en tenir écarter, la vengeance est une affaire d’homme. Et à ne pas s’y tromper, Vengeance est un western, de la glorification de l’arme à feu de référence au chapeau du héros.

De la pure mise en scène

Un autre exemple est cette espèce de tir au pigeon sur bicyclette absolument inutile au bon déroulement du récit. Johnnie To n’est pas un voleur, il avoue l’absolu non-importance de la bicyclette. Juste un exercice de style apprécié des tireurs, partagé par celui du réalisateur – superbe ralenti dans un superbe décor – et à plus grande échelle, par celle de tout spectateur. La bicyclette n’a rien à faire dans ce champ, elle se fait expulser et sa fuite participe du même principe. Il ne revient à aucun élément innocent de se retrouver prisonnier à l’intérieur du cercle. Et qui retrouve t-on plus tard, même lieu, même heure – en tout cas même éclairage – même place : les tueurs de la fille de Johnny encerclé par les tueurs embauchés par Johnny, eux-mêmes entourés par les tueurs à l’ordre du grand commanditaire de tout ça, présent sur le lieu du massacre, légèrement surélevé finalement à la place d’un spectateur, esquimau à la main. La recherche du plaisir est fondamentale, quitte à s’accommoder d’un scénario aux faiblesses criardes.

Comble du hasard

Le Samouraï de Melville, Alain Delon faisait preuve de malice, d’expérience et d’expertise lors de son aventure. Le silencieux solitaire de Johnnie To, Johnny (on le préfère comme ça pour être tout à fait honnête) ne doit sa réussite qu’au hasard, la chance et la coïncidence : hasard de tomber d’entrée sur des meurtriers, chance de ne pas se faire tuer puis coïncidence avec le boss de tous ces bons gaillards surarmés. Il a aussi la chance de vivre avec une balle dans la tête, le rendant partiellement amnésique seulement. Perte de mémoire subjective à ce propos mais faire le compte-rendu détaillé de ses imperfections ne seraient que vous gâcher un plaisir que ces facilités n’entachent pas. Qu’on s’abstienne et félicite les lumineux cadrages de Johnnie To, faisant de Johnny un papy d’Asie ou de Hongkong, un paradis pour impressionnistes.

Florent Boucheron

Sortie le 20 mai 2009

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